Commentaire de l’œuvre
Abraham se prosternant devant Dieu et les deux anges. Sara est cachée derrière l’arbre, en arrière-plan des bâtiments et un viaduc.
Dessin de Nicolaes Maes à la plume et à l’encre brune avec craie rouge et noire et lavis brun et gris, touché de blanc, les lignes d’encadrement à la plume et à l’encre brun foncé. Ce dessin a probablement été réalisé en 1650.
Nicolaes Maes (1634-1693) est un peintre hollandais, disciple de Rembrandt.
Abraham se prosternant devant Dieu, dessin de Nicolaes Maes. ©
Résumé de la conférence
Abraham se prosternant devant Dieu
ou encore celle de Jan Provost L’annonce de la naissance
. En effet, ces peintres n’ont pas donné un caractère divin au visiteur qui se tient en présence d’Abraham, contrairement au dessin de Nicolaes Maes.
. Le mot « SEIGNEUR » n’est pas la traduction du mot utilisé par l’auteur du texte original hébreu qui a mentionné le nom propre de Dieu. Alors pourquoi ce choix de traduction ? Dans le judaïsme, depuis des siècles, l’habitude a été prise de ne pas prononcer le nom propre de Dieu, mais d’utiliser un mot de substitution lors de la lecture du texte biblique. Le plus souvent le mot « Adonaï 2
» est prononcé à la place du nom propre de Dieu qui est transcrit en français avec ces quatre lettres : YHWH. Cette pratique du judaïsme est perpétuée dans la Nouvelle Bible Segond et dans la Traduction œcuménique de la Bible. En effet, les traducteurs ont utilisé le mot « SEIGNEUR », toujours écrit en majuscules, pour le substituer au nom propre de Dieu à chaque fois qu’il est mentionné dans le texte original hébreu.
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. Cela signifie qu’Abraham a discerné immédiatement que parmi les trois hommes qui étaient devant lui, l’un d’eux était plus important que les deux autres. Puis, Abraham proposa à ces trois hommes de se rafraichir les pieds et de prendre du repos pendant qu’il irait chercher quelque chose à manger 5
Suite à la proposition d’Abraham, le texte ajoute : Ils répondirent : D’accord, fais comme tu as dit 6
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. Mais ensuite, l’un d’entre eux seulement prend la parole : Il dit : Je reviendrai chez toi l’année prochaine ; Sara, ta femme, aura un fils 8
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) – ce qu’Abraham a vu « les trois hommes » (un pluriel, 10
) – Abraham s’adressant à un des hommes qu’il appelle « Seigneur » (un singulier, 11
) – échange d’Abraham avec les trois hommes qu’il a invité à manger, puis « ils mangèrent » et question des trois visiteurs (dans ce passage, plusieurs pluriels, Abraham a utilisé le pronom personnel « vous » pour s’adresser à ces visiteurs qui sont désignés par le pronom personnel « ils », 12
) – puis l’un d’eux (désigné par le pronom personnel « il », un singulier, 13
) annonce qu’il reviendra et que Sara enfantera. Il semble bien que l’auteur ait utilisé cette alternance singulier/pluriel pour nous faire découvrir que l’une des trois personnes venues rendre visite à Abraham était Dieu lui-même. L’emploi du singulier pour révéler l’apparition de Dieu 14
, puis l’emploi du singulier pour montrer qu’Abraham considérait que l’un des trois était plus important que les deux autres 15
, puis l’emploi du singulier pour l’annonce de la naissance du fils de Sara 16
ce que Dieu avait promis à Abraham précédemment 17
confirment que le singulier désigne Dieu lui-même dans ce texte.
. Cette fois, l’auteur de ce texte n’a pas employé un pronom personnel, mais il a écrit : Le SEIGNEUR dit à Abraham : Pourquoi donc Sara a-t-elle ri ? 19
. Comme cela vient d’être expliqué « SEIGNEUR » est le mot de substitution pour remplacer le nom de Dieu, YHWH. Ce texte confirme que, sous les térébinthes de Mamré, Dieu lui-même était bien en discussion avec Abraham au sujet de la naissance du fils de Sara et que le pronom personnel « il » le désignait 20
. Dans la réponse qu’elle fit, Sara a prétendu qu’elle n’avait pas ri 21
, sur quoi le texte ajoute : Mais il dit : Si, tu as ri ! 22
Une nouvelle fois, sans ambiguïté possible, le pronom personnel « il » est employé pour désigner Dieu. Nous pouvons conclure que le pronom personnel « ils » désigne les trois hommes vus par Abraham dont l’un était Dieu lui-même apparu à Abraham sous forme humaine, désigné parfois par le pronom personnel « il ».
, Dieu n’est plus différencié des deux autres. Mais immédiatement après, alors que les hommes marchaient vers Sodome et qu’Abraham les accompagnait, Dieu se manifesta à nouveau 24
. Le texte original mentionne toujours le nom propre de Dieu, il en est de même dans Genèse 18. 20 25
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car le SEIGNEUR resta avec Abraham 27
. Le nom propre de Dieu est toujours employé dans ce verset soulignant ainsi que Dieu lui-même est resté avec Abraham.
. Le SEIGNEUR, toujours le nom propre de Dieu dans le texte original, a répondu favorablement à la requête de pardon présentée par Abraham 29
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. Pendant tout le récit de l’apparition de Dieu à Abraham, trois hommes étaient en présence d’Abraham avec le projet d’aller à Sodome. Finalement, le texte mentionne que seulement deux messagers arrivèrent à Sodome. Cette déclaration nous permet de connaître l’identité exacte des trois hommes qu’Abraham a reçus chez lui. Comme nous venons de le mentionner, l’un d’eux était Dieu lui-même. Pour les deux autres, l’auteur fait connaître leur véritable identité en écrivant qu’il s’agissait de deux messagers, c’est-à-dire des êtres célestes envoyés par Dieu sur la terre pour accomplir une mission spécifique. Ces messagers ont été envoyés par Dieu pour prévenir Loth de l’anéantissement de Sodome et des villes avoisinantes, pour le sauver de cette destruction comme le relate la suite du récit 33
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. La fin de ce verset est étrange. Pourquoi l’auteur a-t-il ajouté cette finale « venant du SEIGNEUR, du ciel » ? La formule originale en hébreu a embarrassé nombre de traducteurs qui ont proposé des traductions bien différentes les unes des autres. Le début de la phrase était suffisant pour révéler que Dieu était à l’origine de la destruction de Sodome et de Gomorrhe, le but de cette finale n’était donc pas d’apporter cette information. Le contexte permet de comprendre le sens qu’il faut donner à cette finale qui pourrait apparaître au premier abord comme une redondance. Dans toute la première partie du récit, Dieu est présenté comme un homme acceptant l’invitation d’Abraham et s’entretenant avec lui sur la terre, plus précisément près des térébinthes de Mamré, puis sur le chemin menant à Sodome. Ensuite, l’auteur a rapporté que Dieu s’en était allé et que deux messagers arrivèrent à Sodome. Le texte original hébreu peut être compris comme une précision donnée par l’auteur pour informer le lecteur que lorsque Dieu a quitté Abraham, il n’a pas voulu rejoindre les deux messagers partis à Sodome mais qu’il a préféré retourner dans sa résidence habituelle, le ciel, c’est de là qu’il a exercé le jugement contre Sodome et Gomorrhe. La Bible du Rabbinat propose une traduction qui s’approche de cette compréhension : L’Éternel fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu ; l’Éternel lui-même, du haut des cieux 36
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. Pourquoi Dieu a-t-il finalement renoncé à aller à Sodome ? Qu’est-ce qui a provoqué ce changement dans sa décision alors qu’il semblait si déterminé à y aller ? Les données du texte biblique peuvent peut-être apporter des réponses à ces questions. Entre les deux attitudes de Dieu, le texte nous révèle le « marchandage » osé par Abraham pour dissuader Dieu d’anéantir Sodome en lui demandant de pardonner à toute la ville à cause des justes qui s’y trouveraient 38
. L’échange entre Abraham et Dieu prit fin après qu’Abraham eut intercédé pour dix justes, puis Dieu partit 39
. Il n’y avait même pas dix justes à Sodome et Dieu le savait, si cela avait été le cas il n’aurait pas anéanti ce lieu. Il n’avait pas besoin de se rendre à Sodome pour en faire le constat. Dieu voulait certainement permettre à Abraham de prendre conscience à quel point la situation de la ville de Sodome était dramatique et il n’y avait aucune possibilité de pardonner car l’ensemble de ses habitants étaient pervertis. Sans doute poussé par son immense désir de pardonner, sa décision première était d’aller vérifier à Sodome la situation. C’était peut-être une manière de montrer que Dieu espérait encore pouvoir sauver les habitants de Sodome. Le « marchandage » d’Abraham a eu pour effet de convaincre Dieu que l’anéantissement était la seule issue possible, c’est pourquoi il retourna directement dans sa demeure. La suite du récit témoigne que ce n’est pas sans difficulté que Loth et ses filles seulement furent sauvés 40
parce que Dieu voulait l’épargner par égard pour Abraham 41
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par le mot « messagers ». Dans les Bibles de tradition chrétienne, le mot hébreu « messager » a souvent été traduit par le vocable « ange » que l’on représente souvent avec des ailes ce qui a été une autre source d’inspiration pour Nicolaes Maes.