– la troisième,elle permet de mieux comprendre, en relation avec les fonctions des politarques, le récit d’Actes 17.5-9 15 Mais les Juifs, furieux, recrutèrent des vauriens qui traînaient dans les rues, ameutèrent la foule et semèrent le désordre dans la ville ; ils se portèrent alors sur la maison de Jason, à la recherche de Paul et de Silas qu’ils voulaient traduire devant l’assemblée du peuple ;
6 ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques : « Ces gens qui ont soulevé le monde entier, criaient-ils, sont maintenant ici,
7 et Jason les a accueillis. Tous ces individus agissent à l’encontre des édits de l’empereur ; ils prétendent qu’il y a un autre roi, Jésus. »
8 Ces cris impressionnèrent la foule et les politarques,
9 qui exigèrent alors une caution de Jason et des autres avant de les relâcher.
Actes 17. 5-9, Traduction œcuménique de la Bible.
(ce point est traité au chapitre VIII portant le numéro 44 à la fin de l’article),
– la quatrième, la très longue histoire, plus de trois siècles, des découvertes d’inscriptions grecques mentionnant les politarques permet d’avoir une réflexion sur les bénéfices, la complexité, les limites de l’archéologie et plus particulièrement de l’épigraphie 2Étude scientifique des inscriptions gravées.
. Les politarques de Thessalonique
I. Le contexte biblique de l’emploi du mot « politarque »
Après un cours séjour à Philippes, Paul et ses compagnons arrivèrent à Thessalonique. Dans cette ville, capitale de la Macédoine à l’époque romaine, les Juifs avaient une synagogue. Paul s’y rendit plusieurs sabbats pour expliquer que selon les Écritures 3À l’époque de Paul, « Écritures » est un terme utilisé pour désigner l'ensemble des livres bibliques qui sont regroupés dans première partie de la Bible, appelée aujourd'hui, Ancien Testament.
, Jésus était le Messie que les Juifs attendaient 41 Passant par Amphipolis et Apollonie, ils arrivèrent à Thessalonique, où les Juifs avaient une synagogue. 2 Comme il en avait l’habitude, Paul alla les trouver et, trois sabbats de suite, il leur adressa la parole ; à partir des Écritures, 3 il expliquait et établissait que le Messie devait souffrir, ressusciter des morts et « le Messie, disait-il, c’est ce Jésus que je vous annonce, » Actes des Apôtres 17. 1-3, Traduction œcuménique de la Bible.
. Plusieurs adorateurs juifs et grecs, des femmes parmi les notables acceptèrent de reconnaître Jésus comme le Messie ce qui provoqua la jalousie et la colère des Juifs qui avaient rejeté les enseignements de Paul. Ils voulurent se saisir de lui et de son compagnon, Silas, mais ils ne les trouvèrent pas. Jason avait accueilli les apôtres, alors ces Juifs incrédules se saisirent de lui et de quelques croyants qu’ils trainèrent devant les politarques 55 Mais les Juifs, furieux, recrutèrent des vauriens qui traînaient dans les rues, ameutèrent la foule et semèrent le désordre dans la ville ; ils se portèrent alors sur la maison de Jason, à la recherche de Paul et de Silas qu’ils voulaient traduire devant l’assemblée du peuple ; 6 ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques : « Ces gens qui ont soulevé le monde entier, criaient-ils, sont maintenant ici, 7 et Jason les a accueillis. Tous ces individus agissent à l’encontre des édits de l’empereur ; ils prétendent qu’il y a un autre roi, Jésus » Actes 17.5-7, Traduction œcuménique de la Bible.
.II. La Bible mentionne un mot rare de la langue grecque
1. Les témoignages littéraires
a. Énée le TacticienLa plus ancienne occurrence du mot politarque date du IVe siècle avant notre ère dans le traité sur la défense des places d’Énée le Tacticien (La Poliorcétique, XXVI, 12) qui utilise ce terme une seule fois. Le contexte permet de comprendre que le politarque mentionné par Énée le Tacticien avait une responsabilité militaire dans la défense de la ville. Aucune information ne nous est parvenue sur Énée le Tacticien, il était probablement originaire de Stymphale 6Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 99-101, 115, 116, 120.
au centre de la péninsule du Péloponnèse.b. Luc, auteur du livre des Actes des Apôtres, deuxième partie du Ier siècle.Le mot politarque est mentionné deux fois dans le livre des Actes des Apôtres 17. 6 et 8 7Ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques (verset 6). Ces cris impressionnèrent la foule et les politarques (verset 8), Actes 17, Traduction œcuménique de la Bible.
.c. Les Pères de l’Église– Jean Chrysostome, Père de l’Église du IVe siècle et patriarche de Constantinople, mentionne cinq fois les politarques dans ses commentaires bibliques : dans son commentaire du livre des Actes des Apôtres, 2 occurrences 8Jacques Paul Migne, Patrologia Graeca, volume 60, colonne 263.
, dans son commentaire de l’épitre aux Romains, 1 occurrence 9Jacques Paul Migne, Patrologia Graeca, volume 60, colonne 677.
, dans son commentaire de la première lettre aux Thessaloniciens, 2 occurrences 10Jacques Paul Migne, Patrologia Graeca, volume 62, colonnes 394, 395.
. Chaque occurrence est en relation avec l’épisode d’Actes 17.5-9 où Jason et quelques disciples sont présentés aux politarques. Les commentaires de Jean Chrysostome ont été rédigé en grec, le mot politarque est simplement repris sans aucune explication à propos de ce mot. Les commentaires de Jean Chrysostome n’apportent donc pas un éclaircissement supplémentaire par rapport au livre des Actes des Apôtres à propos des politarques.– Trois autres références patristiques ne se référant pas au livre des Actes mentionnent également les politarques 11Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), page 102, cf. aussi pages 122-124.
:– dans les œuvres de Makarios, un ascète égyptien vivant au IVe siècle, le mot politarque est utilisé pour désigner les principaux responsables d’une communauté politique ou ethnique.– dans un abrégé des Actes de Philippe du Ve siècle, le politarque mentionné est un chef de la communauté juive.– dans « Laudes in SS. Cyrum et Joannem 12Témoignages de louanges aux Saints Cyr et Jean, martyrs lors des persécutions de Dioclétien.
» par Sophrone datant du VIIe siècle, le mot politarque est utilisé pour parler d’une promotion peut être honorifique proposée à Cyr et Jean s’ils renonçaient à leur foi.Les témoignages littéraires sont peu nombreux. Les emplois du mot politarque, autres que ceux des Actes de Apôtres et de Jean Chrysostome, ne concernent pas la ville de Thessalonique. Ils sont éloignés dans le temps par rapport à l’insertion biblique et ne nous aident pas à avoir une meilleure compréhension de la comparution de Jason et de ses compagnons devant les politarques de Thessalonique. Ces occurrences permettent seulement de constater que le mot politarque a été mentionné en dehors de la Macédoine et sur une très longue période.2. Un mot proche : poliarque
Pour être complet sur le sujet, il faut ajouter qu’un terme proche a été employé par les auteurs classiques grecs.Le mot « poliarque » a été mentionné dans les œuvres mythologiques écrites en vers de trois auteurs classiques grecs, Pindare 13518-438 avant notre ère.
, poète lyrique, dans Néméennes 14Néméennes VII, vers 85.
, Euripide 15480-406 avant notre ère.
, poète tragique, dans Rhésos , et Callimaque 17305-240 avant notre ère.
, poète, dans Hymne à Zeus . Pour ces auteurs, les poliarques sont des hommes éminents, ils les ont assimilés à des rois ou à des princes. Callimaque a précisé qu’ils devaient garder les cités et conduire les peuples.3. La différence entre politarque et poliarque :
Les dictionnaires indiquent que « politarque » est rare, et que le mot usuel est « poliarque ». La différence entre les deux mots, « chef des citoyens » et « chef de la cité » est la même qu’entre « roi de France » et « roi des français », « polit- » étant le radical du mot « citoyen » (πολίτης) et « poli- » celui du mot « cité » (πόλις) 20Jean Cassard, professeur de latin et grec, agrégé de grammaire.
.La nuance entre les deux mots est minime, mais l’utilisation du mot poliarque par les auteurs classiques grecs ne permet pas de connaître la fonction des politarques de Thessalonique à l’époque de Luc et de mieux comprendre le texte biblique où ils sont mentionnés 215 Mais les Juifs, furieux, recrutèrent des vauriens qui traînaient dans les rues, ameutèrent la foule et semèrent le désordre dans la ville ; ils se portèrent alors sur la maison de Jason, à la recherche de Paul et de Silas qu’ils voulaient traduire devant l’assemblée du peuple ;
6 ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques : « Ces gens qui ont soulevé le monde entier, criaient-ils, sont maintenant ici,
7 et Jason les a accueillis. Tous ces individus agissent à l’encontre des édits de l’empereur ; ils prétendent qu’il y a un autre roi, Jésus. »
8 Ces cris impressionnèrent la foule et les politarques,
9 qui exigèrent alors une caution de Jason et des autres avant de les relâcher.
Actes 17. 5-9, Traduction œcuménique de la Bible.
d’autant plus que les fonctions des poliarques de Thessalie, révélées par des inscriptions antiques datant du IIIe siècle avant notre ère 22Cf. 25. V. 3. Un poliarque à Thessalonique.
, sont différentes de celles des politarques de Macédoine.III. La passion occidentale pour la Grèce et ses inscriptions
Hérodote 23480-425 avant notre ère.
fut le premier à mener de véritables enquêtes partout où il voyageait. Il s’intéressait à tout, et particulièrement aux inscriptions qu’il déchiffrait car il considérait déjà qu’elles étaient les sources historiques les plus crédibles à partir desquelles il pouvait obtenir des informations utiles pour raconter l’histoire d’une manière sûre. Depuis, les historiens, de l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui, sont toujours en quête d’inscriptions sur lesquelles ils peuvent s’appuyer pour éclairer et décrire les faits historiques qui se déroulèrent dans le passé .Avec la Renaissance, un nouvel intérêt a été suscité pour l’Antiquité gréco-romaine. Cyriaque d’Ancône 26Né entre 1390 et 1392, mort vers 1452.
, marchand italien, voyagea dans les pays limitrophes de la Méditerranée orientale et fut le premier à se passionner pour les inscriptions qu’il recopiait. Malheureusement son œuvre est presque totalement perdue. La prise de Constantinople par les Turcs en 1453 et celle d’Athènes en 1456 mirent un coup d’arrêt à la visite de la Grèce par les occidentaux pour un siècle environ. En Europe, un nouvel intérêt pour la Grèce antique se manifesta pour l’art, l’archéologie et les inscriptions, les premières visites de la Grèce reprirent dans le dernier quart du 16e siècle et durant les 17e et 18e siècles .Cette passion pour la recherche des inscriptions grecques et les fouilles archéologiques ont permis de retrouver des inscriptions gravées dans le marbre qui ont confirmé que les politarques étaient des magistrats qui avait un rôle important dans l’administration des villes de Macédoine.IV. Les premières transcriptions d’inscriptions mentionnant les politarques
1. Le mémoire du Père François Braconnier
En 1707, lors d’une mission archéologique en Orient, le Père Braconnier, jésuite français, s’arrêta à Thessalonique où il transcrivit quatre inscriptions grecques 29Henri Omont, mission archéologiques françaises d'Orient aux 17e et 18e siècles, Paris 1902 page 277.
.Parmi les copies d’inscriptions grecques de Thessalonique du Père Braconnier, une est particulièrement digne d’intérêt car elle mentionne plusieurs politarques 30Le Père Braconnier n’a transcrit qu’une partie de l’inscription grecque, mais il en donne la traduction en totalité en latin.
Cf. note 31 de Thessalonique . Le Père Braconnier n’a pas beaucoup commenté cette inscription. Il indique simplement : « Il eût aussi un Sosipater compagnon de voyage de Saint Paul. » Cette inscription ne fut pas publiée à la suite du mémoire du Père Braconnier conservé aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France 32Père Braconnier, Mémoire sur quelques inscriptions grecques de Salonique et notices sur des inscriptions latines, de Philippes (Macédoine), Folios 215-224, dans le manuscrit Clairambault 566, sous le titre Mémoires et extraits manuscrits et imprimés, réunis sous le titre : Abbayes. Académies. — Mélanges pour servir à l'histoire et aux généalogies, Bibliothèque nationale de France.
.2. Une curiosité significative
L’inscription de Thessalonique rapportée par la Père François Braconnier recèle une curiosité significative dont il n’a exposé qu’une partie. Cette inscription mentionne les noms de six politarques, d’un trésorier et d’un gymnasiarque. Voici sa traduction, les mots entre crochet [] ont été rajoutés car ils sont sous-entendus dans le texte, la mention de tous ces responsables dans l’inscription était à l’époque un moyen de dater la construction d’un bâtiment :« [Cet édifice a été construit quand] les politarques étaient Sosipatros, fils de Kléopatra et de Lucius Pontius Secundus, Aulus Avius Sabinus, Démétrios, fils de Faustus, Démétrios, fils de Nikopolis, Zoïlos fils de Parménion et de Méniskos ; Gaius Agilléius Potitus ; le trésorier de la cité, Tauros, fils d’Ammia et de Règlos ; le gymnasiarque, Tauros, fils de Tauros et de Règlos. »Dans ce texte, quatre noms ont été mis en gras car ils trouvent un écho dans les écrits du Nouveau Testament. En effet, l’apôtre Paul a été en relation avec quatre personnes qui portaient des noms identiques à ceux mentionnés dans l’inscription. Paul avait un parent portant le nom de Sosipatros 33Le Père Braconnier n’a pas donné la version grecque mais la latine : Sosipater.
: Timothée, mon collaborateur, vous salue, ainsi que Lucius, Jason et Sosipatros, mes parents 34Romains 16.21, Traduction œcuménique de la Bible.
.Parmi les compagnons de Paul, l’un s’appelait Sopatros, nom proche de Sosipatros, deux autres se nommaient Secundus et Gaius : Il (Paul) avait comme compagnons : Sopatros, fils de Pyrrhus, de Bérée ; Aristarque et Secundus, de Thessalonique ; Gaïus, de Derbé, et Timothée, ainsi que Tychique et Trophime, de la province d’Asie 35Actes 20.4, Traduction œcuménique de la Bible.
.Le quatrième, Démétrios, était un orfèvre d’Éphèse qui a réagi violemment à la prédication de Paul en provoquant une émeute 36L’émeute d’Éphèse et le départ de Paul
23 C’est à cette époque que se produisirent des troubles assez graves à propos de la Voie.
24 Un orfèvre en effet, du nom de Démétrius, fabriquait des temples d’Artémis en argent et procurait ainsi aux artisans des gains très appréciables.
25 Il rassembla ces artisans ainsi que les membres des métiers voisins et leur déclara : « Vous le savez, mes amis, notre aisance vient de cette activité.
26 Or, vous le constatez ou vous l’entendez dire : non seulement à Éphèse, mais dans presque toute l’Asie, ce Paul remue une foule considérable en la persuadant, comme il dit, que les dieux qui sortent de nos mains ne sont pas des dieux.
27 Ce n’est pas simplement notre profession qui risque d’être dénigrée, mais c’est aussi le temple de la grande déesse Artémis qui pourrait être laissé pour compte et se trouver bientôt dépouillé de la grandeur de celle qu’adorent l’Asie et le monde entier. »
28 À ces mots, les auditeurs devinrent furieux et ils n’en finissaient pas de crier : « Grande est l’Artémis d’Éphèse ! »
29 L’agitation gagna toute la ville et l’on se précipita en masse au théâtre, en s’emparant au passage des Macédoniens Gaïus et Aristarque, compagnons de voyage de Paul.
30 Paul était décidé à se rendre à l’assemblée, mais les disciples ne le laissèrent pas faire.
31 Et certains asiarques de ses amis lui firent aussi déconseiller de se risquer au théâtre.
32 Chacun bien sûr criait autre chose que son voisin, et la confusion régnait dans l’assemblée où la plupart ignoraient même les motifs de la réunion.
33 Des gens dans la foule renseignèrent un certain Alexandre que les Juifs avaient mis en avant. De la main, Alexandre fit signe qu’il voulait s’expliquer devant l’assemblée.
34 Mais, quand on apprit qu’il était Juif, tous se mirent à scander d’une seule voix, pendant près de deux heures : « Grande est l’Artémis d’Éphèse ! »
35 Le secrétaire réussit pourtant à calmer la foule : « Éphésiens, dit-il, existerait-il quelqu’un qui ne sache pas que la cité d’Éphèse est la ville sainte de la grande Artémis et de sa statue tombée du ciel ?
36 Puisque la réponse ne fait pas de doute, il vous faut donc retrouver le calme et éviter les fausses manœuvres.
37 Vous avez en effet amené ici des hommes qui n’ont commis ni sacrilège ni blasphème contre notre déesse.
38 Si Démétrius et les artisans qui le suivent sont en litige avec quelqu’un, il se tient des audiences, il existe des proconsuls : que les parties aillent donc en justice !
39 Et si vous avez encore d’autres requêtes, l’affaire sera réglée par l’assemblée légale.
40 Nous risquons en fait d’être accusés de sédition pour notre réunion d’aujourd’hui, car il n’existe aucun motif que nous puissions avancer pour justifier cet attroupement. » Et, sur cette déclaration, il renvoya l’assemblée, Actes 19.23-40, Traduction œcuménique de la Bible.
: Un orfèvre en effet, du nom de Démétrius (Texte grec Démétrios), fabriquait des temples d’Artémis en argent et procurait ainsi aux artisans des gains très appréciables 37Actes 19.24, Traduction œcuménique de la Bible.
.Bien sûr, il ne s’agit pas des mêmes personnes, mais ces rapprochements permettent de constater que les noms grecs de plusieurs personnes mentionnées dans l’histoire de Paul sont identiques à ceux qui ont été portés par des Grecs dont le souvenir a été conservé parce qu’ils figurent sur une inscription de l’époque romaine à Thessalonique ce qui n’est pas étonnant puisque cette histoire se déroule dans le monde hellénisé d’alors.3. La première publication par Bimard et Muratori
C’est à la faveur d’une passion pour la Grèce antique que Joseph Bimard, Baron de la Bastie, né à Nîmes en 1703, correspondant honoraire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres de 1737 à sa mort en 1742 38Ménard, Histoire civile, ecclésiastique et littéraire de la ville de Nîmes, Sixième tome, Nîmes 1875, pages 517, 518.
, a eu entre les mains la copie de l’inscription grecque, provenant de Thessalonique, mentionnant la liste des politarques qui vient d’être citée. Nous ignorons la manière dont le Baron de la Bastie a obtenu la copie de cette inscription. La comparaison avec la transcription incomplète de l’inscription du Père Braconnier laisse à penser qu’il s’agit de deux copies différentes . Nous savons seulement que Joseph Bimard était fasciné par les inscriptions, qu’il était en relation avec des savants dont Muratori, un des plus grands savants italiens du 18e siècle, historien, linguiste et grammairien ainsi que d’autres intellectuels européens .Joseph Bimard 41Dès 1739, Joseph Bimard a rédigé plusieurs articles et quelques correspondances à propos de différentes inscriptions grecques et latines pour introduire le Novus thesaurus veterum inscriptionum (tome 1, 1739), l’une des trois grandes œuvres éditées par Muratori (
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludovico_Antonio_Muratori vu le 02/06/2021). Les textes de Bimard occupent les 172 premières colonnes (86 pages) de ce volume qui contient à la suite les copies d’inscriptions antiques grecques et latines d’origines diverses dont un grand nombre furent apportées par Bimard. Muratori publia encore les tomes 3 et 4 (1740 et 1742) auxquels contribua Joseph Bimard par l’apport de quelques copies d’inscriptions. En tout plus de 2000 pages d’inscriptions antiques grecques et latines furent publiées par Muratori. Ces publications attestent de l’intérêt pour les inscriptions antiques grecques et latines au 18
e siècle.
a contribué à la rédaction du second volume de Novus thesaurus veterum inscriptionum 42Nouveau trésor d’inscriptions anciennes
publié par Ludovico Antonio Muratori en 1740, où sont compilées de très nombreuses copies d’inscriptions antiques. Beaucoup d’entre elles ont été apportées par Joseph Bimard dont une quarantaine en grec et parmi celles-ci l’inscription mentionnant la liste des politarques de Thessalonique 43Ludovico Antonio Muratori, Novus thesaurus veterum inscriptionum, 1740, page DXCV.
, . Cette édition est la plus ancienne publication connue de l’inscription de Thessalonique avec la liste de six politarques. Aucun commentaire n’est fait sur l’inscription seule la traduction en latin est donnée.4. Une deuxième inscription mentionnant un politarque est dévoilée en 1747
D’après l’abbé Belley, Jean Baptiste Germain, consul de France, a envoyé de Thessalonique plusieurs inscriptions. Sur l’une d’elles apparaissent les mots ΠΟΛΙΤΑΡΧΟΥΜΑΡΚΟΥ « Marcus, politarque » 45Observations sur l’histoire et sur les monuments de la ville de Thessalonique, publié en 1777, Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Tome 38 couvrant les années 1770-1772, pages 125 et 133.
.August Boeckh, dont le projet était de publier l’ensemble des inscriptions grecques connues, rechercha, sans succès, les inscriptions que Jean Baptiste Germain avait envoyées à Paris lorsqu’il publia, en 1843, le deuxième tome de son Corpus Inscriptionum Graecarum. Pour donner les références de cette inscription 46August Boeckh, Corpus Inscriptionum Graecarum, numéro 1967 pages 52, 53.
, il ne put citer que les références de Jean Baptiste Germain telles qu’elles figuraient dans « Observations sur l’histoire et sur les monuments de la ville de Thessalonique » publié en 1777 de l’abbé Belley 47Observations sur l’histoire et sur les monuments de la ville de Thessalonique, publié en 1777, Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Tome 38 couvrant les années 1770-1772, pages 125 et 133.
.L’abbé Duchesne qui a été en mission archéologique à Thessalonique en 1874 avait sans aucun doute été à la recherche des inscriptions de Jean Baptiste Germain puisqu’il a précisé 48Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, page 205.
qu’elles ne figuraient pas dans le catalogue du Louvre réalisé par M. Wilhelm Froehner publié en 1865 49W. Froehner, Les inscriptions grecques interprétées, Paris, 1865.
.Le manuscrit de Jean Baptiste Germain est réapparu en 1894 avec la publication du catalogue des manuscrits de la bibliothèque d’Avignon 50L.H. Labande, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements, volume 27, Avignon, Tome 1, Paris, 1894, manuscrit 1377, pages 591, 592.
. La Bibliothèque d’Avignon fait partie de la Fondation Calvet. Esprit Calvet était un riche médecin et un grand collectionneur d’Avignon. Par testament, il fait un legs universel à la ville d’Avignon. Le leg a été accepté et la Fondation Calvet a été créé par ce don pour assurer la gestion de sa bibliothèque, de ses collections de médailles, de ses antiquités, de sa collection d’œuvres d’art, etc. Esprit Calvet était aussi correspondant de l’Académie des Inscriptions et des Belles-lettres . Une note dans le catalogue 53Notes descriptives du manuscrit : 1377. J.-B. Germain, de Marseille. Manuscrits originaux sur les antiquités. — (A appartenu au marquis de Calvières. — Bibliothèque Calvet.) pages 591, 592, manuscrit 1377, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements Tome 27, Avignon, par L.H. Labande, Tome 1, Paris, 1894.
indique que ce manuscrit de Jean Baptiste Germain a appartenu à la bibliothèque Calvet et au marquis de Calvières , lieutenant général des armées du roi Louis XV, grand amateur de livres et de curiosités, collectionneur de tableaux, dessins et médailles, membre honoraire de l’Académie de peinture en 1747 et archéologue. Son fils a dû vendre ses collections pour payer les dettes. Les antiques, monnaies et objets d’art ont été achetés par Esprit Calvet qui devint ainsi le propriétaire du manuscrit de Jean Baptiste Germain.Dans le catalogue, il est aussi indiqué que le recueil des inscriptions de Thessalonique a été dédié et envoyé en 1747 au « compte de Maurepas, ministre et secrétaire d’État de la marine, à la Cour 56Fol. 282. « Inscriptions prises sur les marbres antiques qui se trouvent dans la ville de Salonique, par le sr Jean Baptiste Germain. » Recueil dédié « à Monseigneur le comte de Maurepas, ministre et secrétaire d’État de la marine, à la Cour. » Fol. 297. Cayer des inscriptions que j'ai prises à Salonique sur les marbres originaux... 1747. Envoyé à M. de Maurepas, ministre. » page 592, manuscrit 1377, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements Tome 27, Avignon, par L.H. Labande, Tome 1.
». Le marquis de Calvières était aussi à la cour du roi, on le dit archéologue, c’est peut-être la raison pour laquelle c’est lui qui avait finalement conservé le recueil des inscriptions de Thessalonique de Jean Baptiste Germain.Henri Omont, bibliothécaire, philologue et historien helléniste français qui travailla à la rédaction du « Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France » écrivit un article dans la « Revue archéologique » en 1894, sur les inscriptions de Thessalonique par Jean Baptiste Germain qui a été chancelier du consulat de France à Thessalonique de 1745 à 1748. Dès son arrivée en 1745, écrit-il, Jean Baptiste Germain a commencé à transcrire, dans un registre, les inscriptions grecques qu’il trouva à Thessalonique. Nous trouvons dans cet article, les textes des inscriptions et notamment l’intégralité de celle qui mentionne le politarque Marcus 58Henri Omont, Inscriptions grecques de Salonique recueillies au XVIIIe siècle par J.B. Germain, Revue Archéologique, Troisième Série, Tome 24, Janvier - juin 1894, pages 196-214.
, .L’étonnant parcours du manuscrit des inscriptions de Thessalonique de Jean Baptiste Germain permet de faire quelques remarques sur les balbutiements de l’exploitation des inscriptions antiques. L’Académie royale des inscriptions et de belles lettres, fondée par Colbert en 1663, s’est occupée assez rapidement d’archéologie et d’histoire. Ses membres et ses correspondants présentaient des exposés sur la littérature, sur l’histoire, sur l’archéologie et sur les inscriptions antiques. L’abbé Fourmont, lors de l’assemblée publique du 15 novembre 1740, présenta trois inscriptions grecques qu’il avait découvertes lors des fouilles effectuées en Grèce par l’ordre du roi 61Remarques sur trois Inscriptions trouvées dans la Grèce, par M. l'Abbé Fourmont, pages 395 à 419, Mémoires de littérature, tirez des registres de l’Académie royale des inscriptions et belles lettres sur les années 1738 à 1740, tome 15, publié en 1743.
.Mais Jean Baptiste Germain n’était probablement pas membre ou correspondant de cette académie. Le musée du Louvre n’existait pas encore puisqu’il a été créé en 1793. Durant le XVIIe et XVIIIe siècles, les explorateurs et les consuls conservaient dans des collections privées les pièces archéologiques qu’ils ramenaient de leur séjour à l’étranger. Jean Baptiste Germain avait son cabinet de médailles 62L.H. Labande, Fol. 1, « Médailles du cabinet de Germain », Fol. 177, « Catalogue de mes médailles grecques et latines en grand, moyen et petit bronze, dans mon cabinet », manuscrit 1377, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, Départements Tome 27, Avignon, Tome 1, page 591,
.Jean Baptiste Germain a consigné dans son recueil d’inscriptions des informations permettant la localisation des inscriptions. Ses transcriptions sont parfois plus complètes et de meilleures qualités que celles des relevés faits après lui. Plusieurs inscriptions de Thessalonique se trouvent uniquement dans son recueil 63Henri Omont, Inscriptions grecques de Salonique recueillies au XVIIIe siècle par J.B. Germain, Revue archéologique, troisième série, tome 24, janvier-juin 1894, pages 201-214.
.Il est regrettable que les inscriptions et les informations transmises par Jean Baptiste Germain aient été conservées dans des bibliothèques privées et que les chercheurs qui ont publiées des inscriptions grecques ou ceux qui se sont rendus à Thessalonique pour une mission archéologique n’aient pas pu bénéficier de la documentation qu’il avait rassemblée. En 1747, la recherche épigraphique est encore à ses débuts, il faudra attendre au moins les années 1830 pour avoir une meilleure organisation.5. La copie par Richard Pococke en 1752
Richard Pococke , pasteur de formation, est un aventurier et explorateur qui entreprit un voyage qui dura trois ans au Moyen-Orient. Arrivé en Égypte, en septembre 1737, il visita les sites pharaoniques d’Alexandrie à la frontière avec l’Éthiopie ainsi que le Mont Sinaï. Puis, il continua son voyage en passant par la Terre Sainte, la Syrie, le Liban, la Turquie, les îles grecques, la Grèce et l’Italie. Il publia le récit de son voyage en deux volumes 65A Description of the East and Some Other Countries, Volume 1 (1743), A Description of the East, and Some Other Countries, Volume 2 (1745).
. Dans le récit de sa visite de Thessalonique 66A Description of the East, and Some Other Countries, Volume 2 (1745), pages 148-151.
, Richard Pococke ne dit rien de l’inscription mentionnant les politarques qu’il a portant relevé puisqu’il en publia le texte en 1752 dans « Inscriptiones antiquae Graecae et Latinae » sans aucun commentaire.6. Première publication mettant en relation les politarques avec le livre des Actes
Dans un mémoire publié en 1777 sur l’histoire et les monuments de Thessalonique 69Observations sur l’histoire et sur les monuments de la ville de Thessalonique, publié en 1777, Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Tome 38 couvrant les années 1770-1772, pages 121-146.
, l’abbé Belley déclara : « Le gouvernement particulier de la ville de Thessalonique était réglé par des magistrats qu’on nommait Politarques. Dans le tumulte qui s’éleva contre St Paul et contre Silas à Thessalonique, on traîna quelques Chrétiens devant les Magistrats : (dans le texte citation d’Actes 17.6 en grec) . On trouve encore le nom de Politarque sur les marbres de cette ville : on lit sur un fragment le nom d’un Marcus, Politarque, (écrit en grec) . Cette inscription et plusieurs autres ont été envoyées de Thessalonique en 1746 par M. Germain, consul de France » 72Observations sur l’histoire et sur les monuments de la ville de Thessalonique, publié en 1777, Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Tome 38 couvrant les années 1770-1772, page 125.
.Un peu plus loin dans son texte, l’abbé Belley ajoute les précisions suivantes : « Le gouvernement des villes Grecques, sous les Romains, était démocratique ; les Magistrats portaient différents noms ; dans la plupart celui d’Archonte, APXΩN ; dans d’autres, celui de Stratège ou Préteur, ΣTPATHΓOΣ. Les Magistrats de la ville de Thessalonique portaient le nom de Politarques, ΠOΛITAPXHΣ, qu’on lit dans les Actes des Apôtres, πολιτάρχας. La Vulgate traduit Principes civitatis ; mais les meilleures traductions françaises rendent ce mot par Magistrats de la ville » 73Observations sur l’histoire et sur les monuments de la ville de Thessalonique, publié en 1777, Histoire de l’Académie royale des inscriptions et belles-lettres, Tome 38 couvrant les années 1770-1772, page 133.
.L’abbé Belley ne semble pas avoir eu connaissance de l’inscription donnant la liste des politarques, copiée en 1707 par le père Braconnier, publiée 1740 par Muratori et en 1752 par Pococke puisqu’il fait référence uniquement à l’inscription envoyée à Paris par Jean Baptiste Germain, en 1746 74Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, page 205.
.7. Première information précise sur la localisation de l’inscription
Dans son livre, Tableau du commerce de la Grèce en 1800 75Félix Beaujour, Tableau du commerce de la Grèce, Paris, 1800, pages 31-33.
, Félix Beaujour, consul à Thessalonique du 24 novembre 1794 à la fin de l’année 1799 76Frédéric Masson, Le département des affaires étrangères pendant la révolution 1787-1804, Paris, 1877, page 315.
, écrit quelques mots à propos de la localisation de l’inscription portant la liste des politarques alors qu’il décrit les monuments de Thessalonique. Parlant de l’arc de triomphe de la porte Vardar, il dit : « Sur une de ses faces, on lit une inscription désignant tous les magistrats qui, lors de l’érection de l’arc, étaient à la tête de l’administration publique, et parmi lesquels on distingue un Politarque, magistrat dont la dignité répondait à celle de préteur ». 93 ans ont passé entre la première mention de l’inscription des six politarques de Thessalonique et les premières données sur sa localisation précise alors que cette inscription a été copiée par le Père Braconnier en 1707, publiée par Ludovico Antonio Muratori en 1740 et par Richard Pococke en 1752. Une telle situation serait inacceptable aujourd’hui car avec le temps les épigraphes et les archéologues ont compris qu’il était indispensable avant même de recopier une inscription d’enregistrer toutes les données de sa localisation, il en est de même pour les objets découverts afin de pouvoir les situer dans l’histoire du site fouillé. Malheureusement, bien des inscriptions de Macédoine ont été déplacées et rassemblées à Thessalonique sans aucune indication sur leur origine 77Daux Georges, Edson Charles. IG X 2, 1 : Prolegomena, Epilegomena, dans Bulletin de correspondance hellénique. Volume 98, livraison 1, 1974, pages 521-552.
ce qui rend leur exploitation difficile, voire impossible.8. Publication par Cousinery en 1831
Esprit-Marie Cousinéry , en poste au consulat de France à Thessalonique à partir de 1773, a passé dix-huit ans à Thessalonique, il connaissait bien la ville. Dans son livre « Voyage en Macédoine 80Esprit-Marie Cousinéry, Voyage en Macédoine, Paris, 1831.
», Esprit-Marie Cousinéry évoque l’inscription mentionnant les politarques, dont il donne une copie 81Esprit-Marie Cousinéry, Voyage en Macédoine, Paris, 1831, page 27.
. Il décrit l’arc de triomphe dans lequel elle est insérée 82Esprit-Marie Cousinéry, Voyage en Macédoine, Paris, 1831, pages 25-29.
et publie son dessin . D’après ses recherches et ses observations, cet arc a été édifié à l’époque romaine pour célébrer la victoire d’Octave et Antoine lors de la bataille de Philippes (septembre – octobre 42 avant notre ère) contre Brutus et Cassius 84Cf. aussi Tableau du commerce de la Grèce, Paris 1800, pages 32, 33 ; W.M. Leake, « Travels in Northern Greece » Londres 1835 Vol. III, p. 235-236.
9. La contribution de W.M. Leake en 1835
Après avoir effectué un séjour en Grèce en 1806, William Martin Leake publia le récit de son voyage en 1835 dans « Travels in Northern Greece ». Après avoir décrit, l’arc de triomphe de la porte Vardar dans lequel a été gravée l’inscription, William Leake nota que le mot employé pour parler des magistrats dans cette inscription est le même que celui qui est utilisé dans le livre des Actes lorsque l’apôtre Paul a visité Thessalonique 86Travels in Northern Greece Londres 1835 Vol. III, p. 235-236.
.10. Nouvelle publication en 1843
August Böckh , philologue et antiquaire allemand , professeur à l’université de Berlin et élu associé étranger de l’Académie des inscriptions et belles-lettres de Paris en 1831. August Böckh fit un recensement de toutes les inscriptions grecques connues qu’il publia dans son Corpus Inscriptionum Graecarum en 4 volumes 89August Böckh, Corpus Inscriptionum Graecarum en 4 volumes, 1828-1877.
. L’inscription des politarques de Thessalonique est enregistrée sous le numéro 1967 90August Böckh, Corpus Inscriptionum Graecarum, second volume, 1843, pages 52, 53.
, .11. Les précisions apportées par Léon Heuzet
Lors de la mission archéologique de Macédoine (1861-1862), Léon Heuzet a pu, à son tour, déchiffrer l’inscription. Il rapporte qu’elle a été gravée sur l’un des piédroits de l’arc romain formant la porte de Vardar. Il constata que l’inscription ne concernait que la mention des noms des magistrats de la ville (dont les politarques). Il en a déduit qu’il s’agissait d’une inscription complémentaire destinée à rappeler aux habitants de la ville l’année de la construction du monument par l’indication des noms des magistrats qui étaient en fonction cette année-là 92Léon Heuzey, Mission archéologique de Macédoine, Paris, 1876, page 272.
. Léon Heuzey était accompagné par un architecte, Monsieur H. Daumet qui fit le dessin de la porte du Vardar telle qu’elle existait en 1861 .12. Une copie de l’inscription sans erreur de transcription
Le Révérent David Morton, du village d’Harleston dans le Northamptonshire (Angleterre) avait obtenu une photographie de l’inscription mentionnant les six politarques de Thessalonique par l’intermédiaire de Richard Wilkinson, consul britannique, à Thessalonique. Cette photographie est arrivée dans les mains de W. S. W. Vaux qui la compara aux textes des transcriptions de cette inscription. Il se rendit compte des nombreuses divergences qu’il y avait entre le texte de la photographie et les transcriptions qui avaient été publiées. Ces observations l’ont convaincu de présenter devant la « Royal Societé of Literature of the United Kingdom » un compte-rendu détaillé des erreurs de transcriptions apparaissant dans les différentes publications pour montrer la supériorité de la photographie sur la vue humaine pour la transcription des inscriptions lapidaires 94On a greek inscription from Saloniki [Thessalonica] par W. S. W. Vaux, dans Transactions of the Royal Society of Literature of the United Kingdom, Second Series, Vol. VIII (1866), pages 525 à 548.
. W. S. W. Vaux publia la gravure de l’inscription réalisée à partir de la photographie en 1866 . L’usage de la photographie, technique toute récente à l’époque, a permis un progrès considérable pour les recherches épigraphiques et archéologiques.13. Démolition de l’arc de triomphe de la porte Vardar
En mars 1874, lorsque l’abbé Duchesne et Monsieur Bayet allèrent à Thessalonique, ils arrivèrent en plein travaux. Les ouvriers avaient déjà démoli les vestiges romains de l’arc de triomphe de la porte Vardar, d’autres monuments et les remparts pour construire un nouveau quai. Les pierres antiques étaient utilisées pour cette nouvelle construction. Le bloc avec l’inscription mentionnant les six politarques a été transporté dans la cour du consulat britannique de Thessalonique 96Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, pages 204, 205.
.Dans son rapport, l’abbé Duchesne introduit la présentation de l’inscription sur les six politarques de Thessalonique par cette déclaration : « Pendant longtemps on n’a eu, sur la constitution intérieure de Thessalonique, d’autre renseignement qu’un passage des Actes des Apôtres où il est question du δημος (démos, assemblée du peuple) et des πολιτάρχαι (politarques) » 96Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, pages 204, 205.
. Puis il cite, en grec, le passage du livre des Actes où ces termes sont mentionnés, en voici la traduction : Mais les Juifs, furieux, recrutèrent des vauriens qui traînaient dans les rues, ameutèrent la foule et semèrent le désordre dans la ville ; ils se portèrent alors sur la maison de Jason, à la recherche de Paul et de Silas qu’ils voulaient traduire devant l’assemblée du peuple (démos) ; ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques 97Actes 17.5, 6, Traduction œcuménique de la Bible. C’est nous qui avons souligné.
.14. L’inscription mentionnant les politarques est arrivée à Londres en 1877
Le bloc de marbre a été conservé trois ans dans la cour du consulat britannique de Thessalonique. Puis, il a été expédié au British Museum en 1877 où il y est toujours , .V. Les inscriptions mentionnant des politarques
1. Leur nombre
Au moins 75 inscriptions (voir le détail en fin de paragraphe) mentionnant des politarques 100En utilisant un mot de la famille de politarque ou allusivement cf. 28 V.6. a.Suppléer aux lacunes et aux allusions ou Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 102-110.
ont été découvertes depuis la première transcription en 1707 101Père Braconnier, Mémoire sur quelques inscriptions grecques de Salonique et notices sur des inscriptions latines, de Philippes (Macédoine), manuscrit Clairambault 566, Bibliothèque nationale de France, Mémoires et extraits manuscrits et imprimés, réunis sous le titre : Abbayes. Académies. — Mélanges pour servir à l'histoire et aux généalogies, Folios 215-224.
. Il est impressionnant de constater que le mot politarque absent de la littérature antique grecque, excepté l’unique mention par Énée le Tacticien 102Cf. 3. II. 1. a. Énée le Tacticien.
, soit devenu un terme si bien représenté au fil du temps puisqu’en 1898 Ernest Burton a répertorié 19 inscriptions 103Ernest DeWitt Burton, The Politarchs, The American Journal of Theology, Jul., 1898, Vol. 2, No. 3, pages 598-632, The University of Chicago Press.
, Carl Schuler en 1960 en dénombrait 32 104Carl Schuler, The Macedonian Politarchs, Classical Philology, Vol. 55, No. 2 (Apr., 1960), pages 90-100, The University of Chicago.
, la liste de Miltiade Hatzopoulos publiée en 1984 comptait 50 inscriptions 105Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 99, 125.
pour atteindre 72 inscriptions avec la liste de Gregory Horsley 106Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 102-110.
auxquelles s’ajoutent trois nouvelles inscriptions publiées l’une en 2015 107La loi éphébarchique découverte à Amphipolis, publiée par K. D. Lazaridou, « Ἐφηβαρχικὸς νόμος ἀπὸ τὴν Ἀμφίπολη », Arch. Eph. 154, 2015 [2016], p. 1-45 ; Denis Rousset, Considérations sur la loi éphébarchique d’Amphipolis. Revue des études anciennes, Université Bordeaux Montaigne, 2017, tome 119, n°1, p. 49-84.
et les deux autres en 2017 108Inscriptions honorifiques pour Cornelius Scipio et pour Marcus Licinius Crassus, New Honorific Inscriptions from Amphipolis, Pantelis Nigdelis and Pavlos Anagnostoudis, Greek, Roman, and Byzantine Studies 57 (2017) pages 295-324.
ce qui porte le nombre à 75 inscriptions et peut-être davantage si depuis 2016 d’autres ont été publiées.2. Le vocabulaire
Les mots utilisés pour faire référence aux politarques sont au nombre de trois principaux avec des variantes dans leur orthographe :a. Le verbe « πολιταρχέω», (politarchéo) :L’inscription de la porte Vardar à Thessalonique, largement présentée plus haut, mentionne le verbe « πολιταρχέω » qui est conjugué au participe présent et au génitif pluriel, dont la traduction littérale est « politarquant » autrement dit « exerçant la fonction de politarque ». À la suite vient une énumération de six personnes exerçant la fonction de politarques.b. Le nom πολίταρχης (politarchès) :La stèle de Lété, découverte dans le village d’Aïvati, au nord de Thessalonique a été trouvée par Nicolas Hadji-Thomas qui a communiqué un estampage de l’inscription à l’abbé Duchesne. Il s’agit d’un décret voté par le sénat et le peuple de Lété transmis par les politarques en l’année 117 avant notre ère, date de l’inscription 109Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, pages 279-292.
. Il s’agit du même mot πολίταρχης (politarchès) mentionné dans le livre des Actes 1106 Ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques : « Ces gens qui ont soulevé le monde entier, criaient-ils, sont maintenant ici, 7 et Jason les a accueillis. Tous ces individus agissent à l’encontre des édits de l’empereur ; ils prétendent qu’il y a un autre roi, Jésus. » 8 Ces cris impressionnèrent la foule et les politarques, Actes 17.6-8, Traduction œcuménique de la Bible.
.c. L’adjectif Πολειταρχικος (poleitarchikos)Cet adjectif figure dans une inscription honorifique découverte dans le temple de Fluvus à Thessalonique. Ce temple avait été construit pour rendre un culte à l’un des fils de l’empereur Marc Aurèle décédé à l’âge de quatre ans. Il avait été divinisé après sa mort et son culte paraît être lié au culte impérial 111Élisabeth Bouley, Jeux romains dans les provinces balkano-danubiennes du IIe siècle avant J.-C. à la fin du IIIe siècle après J.-C., Collection de l'Institut des Sciences et Techniques de l'Antiquité, Année 2001 ; Faiths across Time 5000 years of Religious History, J. Gordon Melton, volume 1, ABC CLIO, 2014, page 321.
. Cette inscription a été gravée en l’honneur de Marcius Dioskourides, prêtre et chef de la fête de Fulvus déifié dont le père Marcius Athénagoras est qualifié de politarque .3. Un poliarque à Thessalonique
Dans une inscription funéraire de Thessalonique, un homme du nom d’Aristarque est présenté comme poliarque . À ce jour, il s’agit de la seule inscription utilisant ce mot à Thessalonique. Le mot poliarque figurait déjà dans œuvres classiques grecs avec le sens de roi ou de prince 114Cf. 4. II. 2. Un mot proche : poliarque.
. Il a été considéré comme un mot ancien et poétique 115Bruno Helly, Politarques, Poliarques et Politophyîaques, Ancinet Macedonia II, Papers read at the second international symposium held in Thessaloniki, 19-24 august 1973, 155, Institute for Balkan Studies, 155, Thessaloniki, 1977, pages 532-534.
.Deux décrets de la ville de Crannon, une dédicace à Athéna Polias et le poème d’Aphthonétos de la ville de Phalanna, découverts en Thessalie, datant du IIIe siècle avant notre ère, ont permis d’établir que le mot poliarque avait aussi un sens technique. Il désigne les citoyens élus par le peuple pour être gardiens de la cité et assurer sa défense, mais ils ne présidaient pas les assemblées et ils ne dirigeaient pas les affaires de la cité, fonctions occupées par les tages en Thessalie. La fonction des poliarques de Thessalie semble identique à celle du politarque mentionné par Énée le Tacticien 116Bruno Helly, Politarques, Poliarques et Politophyîaques, Ancinet Macedonia II, Papers read at the second international symposium held in Thessaloniki, 19-24 august 1973, 155, Institute for Balkan Studies, 155, Thessaloniki, 1977, pages 541-542.
.Quelle était la nuance entre l’emploi du mot politarque et l’emploi du mot poliarque à Thessalonique ? À ce stade, aucun document ne permet de répondre à cette question. Cependant politarque est la forme la plus usitée dans les inscriptions découvertes à Thessalonique et s’est bien celle-là que Luc a utilisée pour désigner les magistrats devant qui Jason et ses compagnons ont été présentés .4. Les dates de rédactions des inscriptions
Lorsqu’une inscription a été découverte, il est important de connaître la date à laquelle celle-ci a été gravée afin de la comparer aux informations déjà connues, et plus particulièrement dans notre étude à celles données par le texte biblique, avant de tirer des conclusions. Pour s’en tenir qu’aux inscriptions découvertes à Thessalonique, la plus ancienne pourrait remonter peu de temps après l’année 167 avant notre ère 118Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), page 106.
Emmanuel Voutiras, Victa Macedonia : remarques sur une dédicace d’Amphipolis, dans Bulletin de correspondance hellénique, Volume 110, livraison 1,1986 pages 352, 353.
et la plus récente à l’année 249 de notre ère 119Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), page 108.
. La datation des inscriptions n’est pas toujours facile à déterminer, il existe plusieurs méthodes pour y parvenir.a. Il arrive que l’inscriptions ne comporte aucune date et que les noms qu’elles mentionnent ne permettent pas de la dater :L’inscription rapportée par Jean Baptiste Germain ne mentionne aucun élément permettant de la dater 120Ernest DeWitt Burton, The Politarchs, The American Journal of Theology, Jul., 1898, Vol. 2, No. 3, The University of Chicago Press, pages 609, 627
.b. L’inscription n’indique pas de date précise mais il est possible de la dater approximativement grâce aux noms des personnes mentionnées dans l’inscription et connues par ailleurs :Le fragment d’une stèle de 0m,70 sur 0m,25, trouvé dans les démolitions de la porte Kalamari et estampé par l’abbé Duchesne a été datée du règne d’Auguste (27 avant notre ère à 14 de notre ère) car le nom de l’empereur est indiqué dans l’inscription 121Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, page 207, 208. Ernest DeWitt Burton, The Politarchs, dans The American Journal of Theology, Jul., 1898, Vol. 2, No. 3, The University of Chicago Press, pages 605, 627.
. Elle mentionne cinq politarques à la suite du verbe « πολιταρχέω » (politarchéo) 122Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, pages 207, 208.
.c. L’inscription ne mentionne pas de date mais la forme des lettres et le contenu de l’inscription permettent de proposer une date approximative :Fortuitement en 1949, les frères Karatoumani ont découvert, dans leur propriété au sud de la ville de Béroia, une imposante stèle de marbre blanc 124Exposée depuis au musée de Béroia.
qui avait été gravée sur les deux faces dont l’une est fortement érodée de ce fait l’inscription n’a pas pu être déchiffrée dans sa totalité. Dans les premiers siècles du christianisme, cette stèle a été réemployée pour recouvrir une tombe. Les 216 lignes de textes définissent les droits et les devoirs du gymnasiarque, responsable du gymnase de la ville.L’étude de la forme des lettres permet d’estimer que ce texte a été écrit entre 175 et 125 avant notre ère. D’autres critères permettraient de le dater des dernières années de la période hellénistique entre 180 et 167 avant notre ère.Les politarques sont mentionnés à deux reprises dans cette inscription 125Pierre-Philippe CORRIGER, La loi gymnasiarchique de Béroia, Master 1 Sciences Humaines et Sociales, Études Européennes, Méditerranéennes et Asiatiques, Mention Antiquité Méditerranéenne et Proche Orientale : Langues, Histoires et Religions, sous la direction de Mr. le professeur Denis ROUSSET.
.d. La date proposée n’est pas certaine, elle est supposée car les lettres indiquant la date ont été partiellement endommagées mais le contenu de l’inscription permet de rétablir une date vraisemblable :Dans l’église de Haya Paraskévi d’Édesse, l’actuelle ville de Vodhéna, en Macédoine, une inscription a été découverte. Elle a été datée de l’année 231 de notre ère, date supposée mais plausible car un des caractères de la date est abimé 126Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, pages 211, 298.
. Elle mentionne des politarques en utilisant le verbe « πολιταρχέω » (politarchéo).e. Dans le texte de l’inscription, une date est clairement indiquée, il suffit de la faire correspondre à notre calendrier :Démétrios Lazaridis entreprit plusieurs campagnes de fouilles dans le site archéoligique d’Amphipolis 127De 1956 à 1965 et de 1971 à 1984, Jean Pouilloux et François Salviat, Démétrios J. Lazardis 1917-1985, Revue Archéologique, Nouvelle Série, Fasc. 2 (1985), Presses Universitaires de France, pages 301-304.
. En 1984, il a découvert une stèle dans la palestre . L’inscription est composée de 139 lignes d’écriture presque toutes intac’tes. Le texte fut gravé en l’an 125 de l’ère de Macédoine qui recouvre les années 24/23 avant notre ère sous le règne de l’empereur Auguste. Ce texte, appelé loi éphébarchique d’Amphipolis, comprend 23 articles qui réglementent la formation des éphèbes 129Éphèbe est le nom qui désigne un adolescent dans l’antiquité grecque.
à l’athlétisme et aux combats sportifs 130Denis Rousset, Considérations sur la loi éphébarchique d’Amphipolis. Revue des études anciennes, Université Bordeaux Montaigne, 2017, tome 119, n°1, pages 49-84.
. « Chaque jour les éphèbes apprennent le tir à l’arc, le lancer du javelot, le tir à la fronde, le lancer de pierre, l’équitation et le lancer du javelot à cheval 131Denis Rousset, Considérations sur la loi éphébarchique d’Amphipolis. Revue des études anciennes, Université Bordeaux Montaigne, 2017, tome 119, n°1, page 53.
». Les politarques sont mentionnés quatre fois dans ce texte.5. Une autre terme légal mentionné dans Actes 17.5
Devant le succès de la prédication de Paul à Thessalonique 132Paul expliquait et établissait que le Messie devait souffrir, ressusciter des morts et « le Messie, disait-il, c’est ce Jésus que je vous annonce ». Certains des Juifs se laissèrent convaincre et furent gagnés par Paul et Silas, ainsi qu’une multitude de Grecs adorateurs de Dieu et bon nombre de femmes de la haute société, Actes 17.3, 4, Traduction œcuménique de la Bible.
, les Juifs, furieux, recrutèrent des vauriens qui traînaient dans les rues, ameutèrent la foule et semèrent le désordre dans la ville ; ils se portèrent alors sur la maison de Jason, à la recherche de Paul et de Silas qu’ils voulaient traduire devant l’assemblée du peuple 133Actes 17.5, Traduction œcuménique de la Bible.
.Dans ce texte, Luc utilise deux expressions se rapportant au domaine judiciaire, « ils voulaient traduire » et « l’assemblée du peuple ». « Traduire » correspond dans le texte original à un verbe dont l’un des sens est « faire comparaître » (un accusé) 134Exemples d’emplois de ce verbe : Pierre était donc en prison, mais la prière ardente de l’Eglise montait sans relâche vers Dieu à son intention. Hérode allait le faire comparaître. Cette nuit-là, Pierre dormait entre deux soldats, maintenu par deux chaînes, et des gardes étaient en faction devant la porte. Actes 12.5, 6, Traduction œcuménique de la Bible – Comparution de Paul devant le roi Agrippa : Comme je ne dispose d’aucune donnée sûre pour écrire au souverain sur son compte, je l’ai fait comparaître devant vous, devant toi surtout, roi Agrippa, afin d’être en mesure de lui écrire, à la suite de cette audience. Actes 25.26, Traduction œcuménique de la Bible.
.« L’assemblée du peuple » est la traduction du grec δημος (démos) qui est le terme officiel pour désigner la plus haute instance qui administrait les villes libres de Macédoine à l’époque romaine ce qui était la situation de Thessalonique. Elle était constituée par l’ensemble des citoyens libres de la ville.L’intention de Juifs était de faire juger Paul et Silas par cette assemblée.En relation avec notre texte, l’inscription ci-dessous présente un intérêt particulier car elle mentionne les trois instances de l’organisation politique et légale de Thessalonique, le conseil ou sénat (βουλἠ, boulé) chargé de préparer les lois et les décrets, l’assemblée du peuple (δημος, démos) et les politarques au nombre de six.L’inscription annonçait les jeux d’Hérennia, avec combats de gladiateurs. Elle était encastrée dans une construction dépendante de la mosquée Moharem-Pacha-Tabak à Thessalonique 135Léon Heuzey, Mission archéologique de Macédoine, pages 273-275.
. La date inscrite sur la stèle correspond à l’an 143 de notre ère. Voici le texte de cette inscription :« …pour le salut de l’empereur César Titus Ælius Adrianus Antoninus Auguste, Pieux, Sauveur, et pour son règne éternel, comme aussi de Marcus Aurélius Vérus César, et de la famille des Augustes et du sénat sacré et du peuple Romain, nous vous faisons savoir qu’il sera célébré des chasses et des combats de gladiateurs pendant trois jours, d’après le testament d’Hérennia , dame espagnole, conformément aux décrets rendus par le très-puissant conseil (βουλἠ) et par le peuple (δημος), par les soins du grand prêtre Tibérius Claudius Crispus ; étant politarques, Apollodore, Memmius, Cratère, Rufus, …. , Marcus, fils de Diomède. Les chasses et les combats de gladiateurs commenceront le 17 avant les calendes d’avril (2 du mois Xandicos, selon les Grecs) de l’année 289. — Bonne fortune à vous ! — Sous ces magistrats, pour la première fois pareille fête a été célébrée » 136Léon Heuzey, Mission archéologique de Macédoine, pages 274-275.
.Luc, dans son compte rendu de la mise en accusation de Paul et Silas, a utilisé les mots précis, « assemblée du peuple » et « politarque » désignant les instances de Thessalonique, mentionnés dans cette inscription, qui étaient chargées de garantir l’ordre public.6. L’interprétation pas toujours aisée des inscriptions
Lorsqu’une inscription est découverte, comment l’interpréter lorsque celle-ci a des lacunes ou ne contient pas un minimum d’informations incontestables pour la situer ? Quelques exemples :a. Suppléer aux lacunes et aux allusionsSur toutes les inscriptions retenues par les spécialistes confirmant l’existence des politarques, il convient de signaler que plusieurs d’entre elles ne mentionnent pas le mot politarque (ou le verbe « politarchéo » ou l’adjectif « poleitarchikos »). À titre d’exemple, sur les 28 inscriptions retrouvées à Thessalonique 10 d’entre elles sont concernées par cette situation mais la référence au politarcat est admise pour les situations suivantes :– Trois inscriptions sont partielles ou endommagées mais après étude, grâce au contexte, les hellénistes et les épigraphistes ont suppléé à ces lacunes par le verbe « politarchéo » qui correspondait à l’espace disponible dans le texte et au sens de l’inscription 137Inscriptiones Graecae, IG X 2,1,37, IG X 2,1,127, IG X 2,1,129.
.– Dans quatre inscriptions détériorées, les spécialistes ont convenu que le verbe qu’il fallait compléter était « politarchéo » dont les 8 premières lettres en grec sur 14 et 15 étaient illisibles pour deux inscriptions 138Inscriptiones Graecae, IG X 2,1,32, IG X 2,1,86.
et que pour deux autres inscriptions les premières lettres grecques, absentes, 6 sur 13 et 7 sur 14, étaient celles de l’adjectif « poleitarchikos » 139Inscriptiones Graecae, IG X 2,1,252, IG X 2,1,228.
.– Le mot politarque ne figure pas dans l’inscription mais une expression honorifique a été interprétée comme faisant allusion à la fonction de politarque 140Inscriptiones Graecae, IG X 2,1,201.
.– Le mot politarque ne figure pas dans l’inscription mais un mot proche désignant habituellement un chef ou un gouverneur a été considéré, d’après le contexte, comme une référence à la fonction de politarque 141Inscriptiones Graecae, IG X 2,1,181.
.b. Les inscriptions modifiées– Une dédicace gravée sur une plaque de marbre, venant d’un ex-voto, trouvée dans le sanctuaire d’Artémis Tauropolos à Amphipolis, met un évidence la difficulté de l’interprétation d’une inscription antique lorsque le texte est équivoque et insuffisant.Cette inscription a suscité un certain intérêt car les spécialistes ont pensé qu’elle pourrait apporter un éclairage sur l’époque où les politarques ont été institués pour la première fois en Macédoine. La question est de savoir si les politarques ont été mis en place à l’époque de la monarchie macédonienne ou lorsque la Macédoine a été incorporée à l’empire romain après 167 avant notre ère.L’inscription aurait pu apporter la réponse à ce questionnement car elle mentionne à la fois le nom du dernier roi macédonien, Persée, et les noms de deux politarques.Cependant l’inscription est insolite. Elle contient deux dédicaces successives, la première faite par le roi Persée et l’autre par le peuple d’Amphipolis, « donnant l’impression que Persée et le peuple d’Amphipolis offrent séparément le même monument à la divinité, ce qui paraît bien invraisemblable. (…) Chaque dédicant fait l’offrande pour son compte en ignorant l’autre. Le nom de la déesse est répété : il ne s’agit pas d’une dédicace commune, mais bien de deux textes indépendants, qui n’ont en commun que leur présence sur une même pierre 143Emmanuel Voutiras, Victa Macedonia : remarques sur une dédicace d’Amphipolis, dans Bulletin de correspondance hellénique, Volume 110, livraison 1,1986, page 349.
».Les divergences, dans la gravure des deux dédicaces, sont tellement flagrantes qu’elles apparaissent au premier regard sur la pierre .

Les caractères de la première sont nettement visibles parce qu’ils ont été gravés profondément dans la pierre. L’écriture est régulière, les débuts et les fins de lignes sont alignés, le graveur a resserré les caractères et réduit les espaces dans la ligne comptant le plus de lettres et espacé ceux des autres lignes pour que les débuts et les fins de lignes soient alignés laissant une marge égale de chaque côté de l’inscription. L’espace entre les lignes est régulier.La seconde gravure est peu profonde, par endroit les lettres apparaissent à peine. Les caractères débordent sur les marges et ne sont pas alignés avec les autres lignes. L’espace entre la dernière ligne de la première dédicace et la seconde est extrêmement réduit. D’emblée, il est facile de comprendre que les deux dédicaces n’ont pas été gravées au même moment. Comment faut-il interpréter la présence de ces deux inscriptions sur la même pierre ?Antérieurement à l’année 172 avant notre ère, le roi macédonien Persée a édifié, dans le sanctuaire d’Artémis Tauropolos à Amphipolis, un monument comme offrande à la déesse à la suite de ses campagnes militaires victorieuses en Thrace comme cela est indiqué dans l’inscription. En 168 avant notre ère, Persée, dernier roi de Macédoine a perdu la guerre contre l’armée romaine à Pydnas. La célébration des victoires militaires de Persée, au travers de sa dédicace, dans l’un des plus grands sanctuaires de Macédoine à Amphipolis n’avait plus sa place là où le général et homme d’État Paul-Émile, le vainqueur de Persée, a divisé la Macédoine en quatre républiques libres sous souveraineté romaine avec l’approbation du Sénat de Rome. Pour ces raisons, il était sans doute urgent de modifier la dédicace de ce monument. Les politarques ont probablement proposé à l’assemblée du peuple de graver une nouvelle dédicace pour remplacer celle du roi Persée. Pour cela, il suffisait d’appliquer un enduit contenant de poudre de marbre pour faire disparaître la première et ensuite regraver une nouvelle dédicace 145Emmanuel Voutiras, Victa Macedonia : remarques sur une dédicace d’Amphipolis, dans Bulletin de correspondance hellénique, Volume 110, livraison 1,1986, page 351.
extrêmement lapidaire, sans précision de la raison de la dédicace. Dans l’Antiquité, la technique qui consiste à enduire une inscription pour la remplacer par une autre a été utilisée par des souverains pour s’approprier des monuments construits par leur prédécesseur.– Ce n’était pas la seule technique pour faire disparaître une inscription et la remplacer par une nouvelle. Une dédicace à Dionysos 146Inscriptiones Graecae, IG X 2, 1, 28.
faite par la ville et trouvée dans le Sarapieion de Thessalonique a des points communs avec la dédicace à Artémis Tauropolos d’Amphipolis. La pierre sur laquelle elle a été gravée a été retaillée excepté sur les 15 centimètres de la base. L’inscription se trouve en creux. Cette inscription surprend aussi par le manque de soin apporté à la gravure du texte. Elle est extrêmement lapidaire, sans précision de la raison de la dédicace, il semble que l’espace en creux soit plus grand que l’inscription elle-même ce qui pourrait indiquer que l’inscription effacée était plus longue . Autre point commun avec la dédicace d’Amphipolis, deux politarques seulement sont mentionnés alors que ces villes comptées le plus souvent au moins cinq politarques d’après les autres inscriptions connues.Emmanuel Voutiras émet l’hypothèse qu’une première dédicace à l’époque royale avait été gravée et qu’elle a été remplacée par une nouvelle à la même époque que celle d’Amphipolis 148Emmanuel Voutiras, Victa Macedonia : remarques sur une dédicace d’Amphipolis, dans Bulletin de correspondance hellénique, Volume 110, livraison 1,1986, pages 353, 354.
lorsque la Macédoine est passée sous souveraineté romaine. Ce n’est pas le seul exemple qui a pu être constaté dans les découvertes archéologiques où l’effacement d’une inscription ou parfois d’une image par creusement du support a été réalisée dans le but d’y placer une nouvelle gravure. Dans ce cas, il est difficile de savoir ce qui avait été gravé à l’origine.c. Les pierres, portant des inscriptions, réutiliséesPaul Perdrizet a découvert, lors d’un voyage en Macédoine, une inscription à Amphipolis dont le premier intérêt pour cette étude est qu’elle mentionne un collège de cinq politarques. Le second intérêt est le lieu de découverte de l’inscription. Voici la description donnée par Paul Perdrizet :« Dans le mur Est d’un château byzantin, sur la rive droite du Strymon, à 1 km et demi du lac de Jénikieuï. Marbre blanc ; h., 0.65 ; larg., 0 55 ; h. des lettres, 0.03. Inscription d’un déchiffrement malaisé ; outre que la pierre est encastrée à l’envers, et à plusieurs mètres au-dessus du sol, les lettres sont tellement effacées que les gens du pays ne les avaient pas remarquées » 149Paul Perdrizet, Bulletin de correspondance hellénique,1894, Voyage dans la Macédoine première, page 420.
.Il s’agit là d’un exemple parmi tant d’autres qui montre qu’à toute époque, les pierres venant des ruines des constructions anciennes étaient réutilisées pour ériger de nouveaux bâtiments sans que personne ne se préoccupe des inscriptions qui pouvaient y être gravées. Comme dans cet exemple, d’autres anciennes inscriptions ont été retrouvées dans des bâtisses où elles avaient été réemployées mais beaucoup ont certainement été perdues ou détruites, notamment celles réutilisées dans des bâtiments qui ont aujourd’hui complètement disparus.d. Les inscriptions transportées loin de leur site d’origineLa revue archéologique a publié, en 1869, une lettre 150Revue archéologique 10e année, 20e volume pages 62-65.
dans laquelle M. Vidal-Lablache, membre de l’école française d’Athènes, présente quelques inscriptions grecques. L’une d’elles était dans la cour de la maison Mpithos dans le quartier grec de Thessalonique.Cette inscription a été gravée sous le règne de l’empereur Claude . Elle est particulièrement intéressante en raison de la précision de la date qui est indiquée selon deux calendriers : la 76e année d’Auguste et la 192e année de l’ère macédonienne. Cette inscription est donc parfaitement datable. Ces deux dates correspondent à l’année 46 de notre ère donc moins d’une dizaine d’années avant le séjour de l’apôtre Paul à Thessalonique 152Ernest DeWitt Burton, The Politarchs, dans The American Journal of Theology, Jul., 1898, Vol. 2, No. 3, page 598, publié par The University of Chicago Press, page 627.
.Le révérend Peter Crosbie a donné par écrit à Ernest Burton quelques précisions sur l’origine de cette inscription. Il déclare d’après le témoignage du fils du propriétaire de la maison où a été vue cette inscription qu’elle viendrait des ruines d’une fontaine du village d’Apostolo sur le site de Pella à un environ 40 kilomètres de Thessalonique 153Ernest DeWitt Burton, The Politarchs, dans The American Journal of Theology, Jul., 1898, Vol. 2, No. 3, page 598, The University of Chicago Press, page 612.
. Emmanuel Voutiras soutient que cette inscription vient du site de Pella 154Emmanuel Voutiras, Victa Macedonia : remarques sur une dédicace d’Amphipolis, dans Bulletin de correspondance hellénique, volume 110, livraison 1, 1986, page 354.
.Sur cette inscription, les noms de deux politarques seulement sont mentionnés : Nicérate, fils de Théodas, et Héraclide, fils de Démétrius 155Fulcran Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes archéologique modernes, Livre III, les Actes des Apôtres, Chapitre IV, Saint-Paul à Thessalonique, Paris, 1896.
. Immédiatement après le nom du second politarque, l’inscription mentionne un épimélète avec son nom ce qui atteste qu’il n’y avait pas plus de deux politarques au moment de la rédaction de ce texte. Cette situation attire l’attention et pose un problème car avant et après l’an 46, d’après d’autres inscriptions de Thessalonique, le collège des politarques de Thessalonique comprend jusqu’à la fin du 2e siècle au moins cinq politarques et non deux 156Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 106-108, numéros 31 à 35, 38, 41.
.Cette observation confirmerait que l’inscription ne concerne pas la ville de Thessalonique. Charles Edson a écrit un article avec Georges Daux où il explique combien il est difficile de connaître l’origine de nombreuses inscriptions qui ont été rassemblées à Thessalonique venant d’autres sites, parmi elles l’inscription en question dont il situe l’origine à Pella 157Daux Georges, Edson Charles. IG X 2, 1 : Prolegomena, Epilegomena, dans Bulletin de correspondance hellénique. Volume 98, livraison 1, 1974, pages 521-552.
.7. Les inscriptions détruites
Comme cela a été rappelé plus haut 158Cf. 20.II.13. Démolition de l’arc de triomphe de la porte Vardar.
, lorsque l’abbé Duchesne a effectué un voyage à Thessalonique en 1874, il est arrivé alors que des ouvriers démolissaient des monuments romains. Voici le témoignage qu’il a laissé sur lequel il convient de s’arrêter pour comprendre les limites de l’archéologie : « À notre arrivée, il restait encore dans les démolitions un certain nombre de cippes, de fragments de frise, etc., portant des inscriptions ; nous nous mîmes aussitôt en devoir de les transcrire et, au besoin, de les estamper. Il n’y avait point de temps à perdre, car les tailleurs de pierres s’occupaient activement à repiquer tous ces marbres pour les envoyer aux chantiers du quai. Nous en avons sauvé ce que nous avons pu ; mais qui peut dire ce qui avait déjà disparu dans les constructions nouvelles ? 159Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, page 204.
». Voici encore ce que l’abbé Duchesne dit à propos d’un fragment d’inscription qu’il a pu estamper 160Cf. 26. V. 4. b. L’inscription n’indique pas de date précise.
: « Il serait d’autant plus désirable que la pioche des démolisseurs turcs eût respecté le commencement de l’inscription 161Abbé Duchesne, Archives des missions scientifiques et littéraires, Troisième série, Tome 3, 1876, pages 207, 208.
» ce qui aurait permis de comprendre la nature des travaux que cette inscription commémorée.On s’étonne parfois de ne pas retrouver d’inscriptions. Mais combien de fois dans le passé, les monuments anciens ont été détruits, les pierres retaillées pour être réemployées dans de nouvelles constructions. À cette occasion, l’abbé Duchesne a pu transcrire ou estamper quelques inscriptions avant leur enfouissement ou leur dégradation mais combien de fois pendant la longue aventure de l’humanité des inscriptions qui nous seraient utiles pour écrire l’histoire du passé ont-elles été détruites ?8. Les lieux de découvertes des inscriptions
a. 28 inscriptions ont été retrouvées à Thessalonique 162Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 106-108, numéros 30 à 57.
.b. 31 inscriptions ont été retrouvées dans des villes ou des régions de la Macédoine.3 à Amphipolis, 1 à Anthemous, 1 à Anydron, 1 à Battyna, 5 à Beroia, 1 à Charakoma, 1 Demir Kapija, 1 à Deuriopos de Pélagonie, 1 à Edessa, 2 à Héraclée de Lyncestide, 2 à Idomenai, 3 à Kalindoia, 1 à Lete in Mygdonia, 1 à Lete ( ?), 1 à Lyke, 1 à Particopolis ( ?), 2 à Pella (pour l’une il s’agit de l’empreinte d’un sceau sur de l’argile qui devait être attaché à un document écrit sur papyrus 163Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), page 101.
, 1 à Styberra, 1 dont la provenance est inconnue mais en Macédoine peut être Chalkidis 164Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 102-106, 108, numéros 1 à 29 et 58.
. Il faut encore ajouter la stèle de la loi éphébarchique découverte à Amphipolis qui mentionnent aussi les politarques.c. 14 inscriptions retrouvées dans des territoires en dehors de la Macédoine.1 à Ambracia en Épire (Grèce), 1 à Olympe en Illyrie (Albanie), 2 à Crannon et 1 à Phalanna en Thessalie (Grèce) 165Sous la forme poliarque.
, 2 à Philippopolis en Thrace (Bulgarie), 1 à Panticapée (Crimée) et 1 à Phanagoria (Russie) Royaume du Bosphore, 1 à Kios de Bithynie (Turquie), 1 à Leontolopis et 2 à Oxyrhynchos (Égypte), 1 à Paros (Ile grecque) 166Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 108-110, numéros 59-72.
.VI. Statut et fonctions des politarques
À l’époque romaine, les politarques étaient les premiers magistrats des villes de Macédoine. Magistrats éponymes, élus par l’assemblée du peuple pour une charge annuelle, ils jouissaient de pouvoirs politiques et judiciaires étendus 167Emmanuel Voutiras Victa Macedonia : remarques sur une dédicace d’Amphipolis. In : Bulletin de correspondance hellénique. Volume 110, livraison1, 1986, page 349.
. Ces magistrats civils n’ayant aucune responsabilité militaire 168Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), page 117.
étaient à la tête de l’administration des cités macédoniennes. Ils étaient chargés de présenter à l’assemblée du peuple les lois et les décrets préalablement préparés par les membres du Conseil ou Sénat (Boulè) comme l’atteste l’inscription de Lété qui commence par ces mots : « Les politarques des Létéens, après délibération des sénateurs, ont dit… » 170Abbé Duchesne, Revue archéologique, janvier 1875, page 10.
. Lorsque les lois et les décrets avaient été ratifiés par l’assemblée du peuple, les politarques devaient veiller à ce que les lois et décrets soient gravés sur une stèle et appliqués par les personnes concernées 171William Ducan Ferguson, PH.D., The Legal Terms Common to the Macedonian Inscriptions and the New Testament, Septembre 1913, The University of Chicago, press Chicago, Illinois, U.S.A, pages 65-66.
. Ils avaient la responsabilité du maintien de l’ordre public dans les villes 172Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology, Vol. 7 (1994), page 124.
avec des pouvoirs de police.La loi éphébarchique d’Amphipolis précise quelques autres fonctions des politarques. Ils étaient juges lors des concours pour déterminer les meilleurs athlètes et c’était à eux que la liste des vainqueurs devait être remise 173Denis Rousset, Considérations sur la loi éphébarchique d’Amphipolis. Revue des études anciennes, Université Bordeaux Montaigne, 2017, tome 119, n°1, page 57.
. Dans le cas où un instructeur avait un comportement inadéquat ou s’il ne faisait pas son travail de manière satisfaisante, le responsable de la formation devait lui infliger une amende et informer les politarques 174Denis Rousset, Considérations sur la loi éphébarchique d’Amphipolis. Revue des études anciennes, Université Bordeaux Montaigne, 2017, tome 119, n°1, page 59.
.Le nombre de politarquesLe nombre de politarques est variable, Emmanuel Voutiras déclare « il n’est pas exclu qu’il y ait eu à l’origine deux politarques dans toutes les villes de Macédoine et que leur nombre ait par la suite été élevé à cinq dans les plus grandes parmi elles 175Emmanuel Voutiras, Victa Macedonia : remarques sur une dédicace d’Amphipolis, dans Bulletin de correspondance hellénique, volume 110, livraison 1, 1986, page 354.
, comme ce fut le cas à Thessalonique 176Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), page 106, numéros 30 à 35.
. Le collège des politarques de Thessalonique compta jusqu’à neuf membres 177Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology Vol. 7 (1994), pages 107-108, numéros 41 et 50.
. Du temps de l’apôtre Paul, il y avait probablement cinq politarques à Thessalonique.VII. La traduction du mot grec πολιτάρχης (politarchès) dans la Bible
Comme cela a été dit plus haut 178Cf. 2. II. La Bible mentionne un mot rare de la langue grecque.
, le mot politarque n’existe pas dans la littérature grecque hormis une exception ce qui rend la traduction difficile. Il faut attendre le XVIIIe siècle pour que ceux qui s’intéressent à la Bible prennent conscience que des inscriptions grecques de l’époque romaine mentionnent les politarques et que de nouvelles découvertes au XIXe siècle permettent de préciser leur fonction.1. Les chefs de la cité
La première traduction du grec πολιτάρχας (politarchas) a été faite en latin par Jérôme dans la Vulgate où il traduit Principes civitatis : « les chefs de la cité » ce qui ne correspond pas vraiment à une traduction littérale qui aurait dû être « les chefs des citoyens ». « Les chefs de la cité » est la traduction littérale de poliarque 179Cf. 5. II. 3. La différence entre politarque et poliarque.
.2. Les princes de la cité
Dans la Bible de Lefèvre d’Étaples (1530), première Bible traduite en français d’après le texte de la Vulgate, version en latin de Jérôme, dans la traduction française de Pierre Robert Olivétan, édition de 1535 d’après les textes hébreu et grec, dans la Bible de Louvain édition de 1550, le grec πολιτάρχας (politarchas) est traduit par « princes de la cité ». Cette traduction semble se rapprocher du sens donné à poliarque par les auteurs classiques grecs.3. Les gouverneurs de la ville
La Bible traduite par René Benoist, Paris, 1568 180Volume 2, le Nouveau Testament.
donne la traduction « gouverneurs de la ville », il en est de même dans plusieurs autres traductions dont la dernière réédition date de 2014 181La Sainte Bible contenant le vieil & le nouveau Testament, traduite du latin en français, et approuvée par les théologiens de Louvain en 1587, la Bible de Genève de 1669, la Bible traduite par David Martin en 1707, révisée en 1744, cette édition révisée a été republiée en 2014 et dans la publication de la Bible avec les arguments et réflexions de Jean-Frédéric Ostervald publié en 1724.
. On retrouve cette traduction au mot πολιτάρχης (politarchès) dans le dictionnaire grec français de Joseph Planche, 1809.4. Les magistrats de la ville
La Sainte Bible interprétée par Jean Diodati, Genève, 1644, donne la traduction « magistrats de la ville », traduction utilisée dans de nombreuses versions de la Bible jusqu’à la traduction de la Bible Second 21 publiée en 2007 182Elle a été adoptée, en 1668, dans la version expliquée du Nouveau Testament de notre Seigneur Jésus-Christ, Paris, par Antoine Godeau, évêque de Vence, par Richard Simon, dans son Nouveau Testament, en 1702, puis Augustin Calmet, en 1729, La Bible avec son commentaire littéral sur tous les livres de l'Ancien et du Nouveau Testament publiée à Paris en plusieurs volumes, par Charles de Cène en 1741 dans la sainte Bible contenant les livres de l'ancien et du nouveau testament, nouvelle version française, Volume 2, par Jean-Frédéric Ostervald en 1744 dans la Bible qu’il publie à Neuchâtel, par l’abbé Jean-Jacques Bourassé, la Sainte Bible selon la Vulgate en 1843 et 1866, par John Nelson Darby en 1859 dans son Nouveau Testament, par l’abbé Jean-Baptiste Glaire, en 1873, dans La Sainte Bible selon la Vulgate traduite en français, dans la traduction Louis Segond de 1880, puis les révisions de 1910, 1978 édition la Colombe, la Bible Nouvelle Édition de Genève, en 1979, ainsi que la Bible Segond 21, en 2007, conservent une fois la traduction « magistrats de la ville » et une fois « magistrats ».
. Le dictionnaire grec français par Charles Alexandre, 2e édition 1830, traduit le mot πολιτάρχης (politarchès) par premier magistrat d’une ville.5. Les magistrats municipaux
En 1858, Albert Rilliet, dans sa traduction du Nouveau Testament appelée « Les livres du Nouveau Testament », propose l’expression « magistrats municipaux ».6. Les autorités de la ville et magistrats
Hugues Oltramare traduit « autorités de la ville » et « magistrats » en 1872 dans son Nouveau Testament. La traduction « les autorités de la ville » a été reprise par la traduction de la Bible en français courant, en 1997 et 2019.7. Les politarques
Dès 1904, l’abbé Crampon traduit le grec πολιτάρχας (politarchas) par « politarques », traduction reprise dans Bible de Jérusalem, en 1956, dans la Bible Osty en 1973, dans la traduction œcuménique de la Bible en 1975 et dans la Nouvelle Bible Second en 2002.Les découvertes des inscriptions mentionnant le mot politarque ou des mots de la même famille durant le XVIIIe ne sont probablement pas étrangères à cette francisation du mot grec πολιτάρχης (politarchès) par politarque.8. Les autorités civiles
Dans le Nouveau Testament traduit par Jean Grosjean en 1971, nous trouvons la formule « les autorités civiles ».9. Les chefs de la ville
André Chouraqui, dans sa traduction du livre des Actes « Gestes des envoyés » en 1977, proposait la traduction « les chefs de la ville ».10. Les juges de la ville
La traduction La Bible, Parole de Vie, en 2000, a opté pour la traduction « les juges de la ville ».11. Quelle est la meilleure traduction ?
Difficile de le dire car l’ensemble des fonctions exercées par les πολιτάρχας (politarchas) en Macédoine à l’époque romaine n’a pas d’équivalence dans notre société. Les mots ou les expressions choisis en français, à partir de 1568, gouverneurs, magistrats, magistrats municipaux, autorités, autorités civiles, chefs ou juges, couvrent pour chacun d’entre eux qu’une partie seulement de leurs fonctions. Le choix du mot « politarque » n’est pas une traduction mais une francisation du mot grec dont la translitération est « politarchès ». Certes, le mot « politarque » recouvre parfaitement les fonctions et les responsabilités des « politarchas » mais il n’explicite pas leurs fonctions et leurs responsabilités, de plus, il est absent des dictionnaires ordinaires. Par conséquent, il doit être expliqué par une note dans la version qui l’utilise mais parfois les explications trop succinctes ne permettent de se faire une idée précise de leurs fonctions. VIII. Lecture du passage des Actes mentionnant les politarques avec les informations apportées par les inscriptions grecques
Les différentes inscriptions retrouvées à Thessalonique et en Macédoine, sur d’anciens bâtiments de l’époque romaine ou sur des stèles mentionnant l’assemblée du peuple et les politarques, ont mis en évidence la précision du vocabulaire utilisé par Luc dans le livre des Actes confirmant aussi que l’orthographe du mot politarque était correcte.Dans son rapport, Luc a noté les détails de la stratégie des opposants aux apôtres pour les faire condamner : Mais les Juifs, furieux, recrutèrent des vauriens qui traînaient dans les rues, ameutèrent la foule et semèrent le désordre dans la ville 183Actes 17.5, Traduction œcuménique de la Bible.
. Leur première intention était donc de perturber la tranquillité de la ville et d’en faire endosser la responsabilité aux apôtres. Une fois le trouble mit dans la ville : ils se portèrent alors sur la maison de Jason, à la recherche de Paul et de Silas qu’ils voulaient traduire devant l’assemblée du peuple 183Actes 17.5, Traduction œcuménique de la Bible.
. Ils voulaient les traduire, c’est-à-dire, les faire comparaître pour qu’ils soient jugés 184Cf. 27. V. 5. Un autre terme légal mentionné dans Actes 17.5.
. Projet qu’ils n’ont sans doute pas pu réaliser en l’absence des accusés, qu’ils ne trouvèrent pas 185Ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques, Actes 17.6, Traduction œcuménique de la Bible.
et aussi parce que l’assemblée du peuple ne pouvait juger que si elle avait été convoquée légalement ce que les opposants n’ont probablement pas pu obtenir.Ne les trouvant pas 186Actes 17.6, 7, Traduction œcuménique de la Bible.
, ils changèrent de stratégie : ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques : « Ces gens qui ont soulevé le monde entier, criaient-ils, sont maintenant ici et Jason les a accueillis. Tous ces individus agissent à l’encontre des édits de l’empereur ; ils prétendent qu’il y a un autre roi, Jésus 186Actes 17.6, 7, Traduction œcuménique de la Bible.
». Ils traînèrent, le verbe employé pourrait être traduit par trainer de force, ce qui implique l’utilisation de la violence à l’encontre de Jason et des frères.Devant les politarquesLes découvertes des inscriptions mentionnant les politarques ont permis de comprendre que ces magistrats étaient particulièrement importants dans la vie des cités macédoniennes 187Cf. 31. VI. Statut et fonctions des politarques.
. Le contexte dans lequel les politarques sont mentionnés dans le livre des Actes est en totale adéquation avec ce que nous savons des fonctions des politarques de Macédoine grâce à l’archéologie, en particulier, au sujet de la responsabilité qui leur incombait du maintien de l’ordre public et le fait qu’ils devaient veiller à l’application des lois et des décrets. Les témoignages des inscriptions ont établi que les politarques étaient au nombre de cinq à Thessalonique à l’époque où l’apôtre Paul a séjourné dans cette ville 188Cf. 31. VI. Statut et fonctions des politarques, le nombre de politarques.
ce qui concorde avec l’utilisation du pluriel dans le livre des Actes 189Ne les trouvant pas, ils traînèrent Jason et quelques frères devant les politarques : « Ces gens qui ont soulevé le monde entier, criaient-ils, sont maintenant ici, et Jason les a accueillis. Tous ces individus agissent à l’encontre des édits de l’empereur ; ils prétendent qu’il y a un autre roi, Jésus. Ces cris impressionnèrent la foule et les politarques, » Actes 17.6-8, Traduction œcuménique de la Bible.
.La première des charges retenues contre Paul et Silas : « Ces gens qui ont soulevé le monde entier, criaient-ils, sont maintenant ici et Jason les a accueillis 190Actes 17.6, 7, Traduction œcuménique de la Bible.
» permet de comprendre la raison pour laquelle les opposants juifs avaient organisé des troubles et des désordres en ville avec l’appui de vauriens pour simuler un soulèvement et accuser Paul et Silas d’en être les instigateurs. Le monde entier, l’empire romain. Jason les a accueillis, à défaut d’avoir trouvé Paul et Silas, ils tentèrent de faire condamner Jason puisqu’il les a accueillis. La dernière charge englobe Paul, Silas, Jason et les frères puisqu’ils déclarèrent : Tous ces individus agissent à l’encontre des édits de l’empereur ; ils prétendent qu’il y a un autre roi, Jésus 191Actes 17.7, Traduction œcuménique de la Bible.
. L’accusation est forte, elle a déjà été utilisée à l’encontre de Jésus 192Ils se levèrent tous ensemble pour le conduire devant Pilate. Ils se mirent alors à l’accuser en ces termes : « Nous avons trouvé cet homme mettant le trouble dans notre nation : il empêche de payer le tribut à César et se dit Messie, roi. » Luc 23.1, 2, Traduction œcuménique de la Bible.
. Cette accusation avait pour intention de transformer le simulacre de soulèvement en sédition. Les édits de l’empereur dont il est question étaient contenus dans la « Lex majestatis », cette loi réprimait le crime de lèse-majesté, le crime d’État, la haute trahison, les domaines d’application de cette loi ont été extrêmement étendus sous l’empereur Tibère 193Empereur de 14 à 37 de notre ère.
ceux qui se soulevaient ou contestaient le pouvoir de l’empereur étaient punis de mort à l’époque où Paul était à Thessalonique 194Daniel Marguerat, Les Actes des Apôtres (13-28), Labor et Fides, 2015, page 145.
.Ces cris impressionnèrent la foule et les politarques, qui exigèrent alors une caution de Jason et des autres avant de les relâcher 195Actes 17.8,9, Traduction œcuménique de la Bible.
. Le verbe employé dans le texte original, traduit par impressionner pourrait être traduit par troubler, bouleverser. La foule et les politarques semblent stupéfaits et embarrassés. Les principaux accusées, Paul et Silas, n’étant pas présents, les politarques imposèrent une caution à Jason et aux frères présents pour avoir accueillis ceux qui ont été présentés comme des séditieux. L’expression grecque employée est la transposition d’une formule juridique en latin qui sanctionnait « le délit d’assemblée illégale de nature à troubler l’ordre public » 196Daniel Marguerat, Les Actes des Apôtres (13-28), Labor et Fides, 2015, page 145, note 18.
. Il s’agissait d’une mesure pour mettre fin au désordre car les politarques étaient chargés de maintenir la tranquillité dans les villes afin de ne pas attirer l’attention de Rome 197Gregory H. R. Horsley, The politarchs in Macedonia, and Beyond dans Mediterranean Archaeology, Vol. 7 (1994), page 124.
.Le texte biblique continue en précisant qu’aussitôt après ces événements, les chrétiens de Thessalonique envoyèrent Paul et Silas à Bérée : Les frères firent aussitôt partir, de nuit, Paul et Silas pour Bérée 198Actes 17.10, Traduction œcuménique de la Bible.
. Ce départ hâtif était peut-être une condition exigée par les politarques auprès de Jason pour le libérer. La ville de Bérée ne fut pas choisie au hasard car il y avait une synagogue et : À leur arrivée, ils se rendirent à la synagogue des Juifs 198Actes 17.10, Traduction œcuménique de la Bible.
. Les chrétiens de Thessalonique voulurent certainement que Paul et Silas puissent poursuivre leur mission et leur prédication qui avait eu tant de succès à la synagogue de Thessalonique : Certains des Juifs se laissèrent convaincre et furent gagnés par Paul et Silas, ainsi qu’une multitude de Grecs adorateurs de Dieu et bon nombre de femmes de la haute société 199Actes 17.4, Traduction œcuménique de la Bible.
. Le départ des apôtres a été décidé pour la nuit même probablement pour ne pas laisser le temps aux opposants de s’organiser pour tenter à nouveau de faire condamner les apôtres. La suite des événements montre qu’il s’agissait d’une mesure de sagesse puisque : dès que les Juifs de Thessalonique eurent appris qu’à Bérée aussi Paul annonçait la parole de Dieu, ils arrivèrent pour agiter et troubler, là encore, les foules 200Actes 17.13, Traduction œcuménique de la Bible.
.Absent de la littérature classique grecque, employé une seule fois par Énée le Tacticien au IVe siècle avant notre ère dans le contexte particulier d’un traité militaire sur la défense d’une ville, le mot politarque a réapparu grâce à une série de découvertes d’inscriptions grecques à Thessalonique et en Macédoine à partir du XVIIIe siècle. Ces inscriptions ont permis d’avoir une plus grande connaissance du rôle et des fonctions des politarques. Le mot utilisé par Luc qui pouvait apparaître comme insolite dans le livre des Actes n’a pas été utilisé par hasard. Il se révéla être un mot extrêmement courant à Thessalonique à l’époque romaine puisqu’il désignait les premiers magistrats civils de la ville. Les détails du récit de la mise en accusation de Paul et Silas montrent que Luc connaissait parfaitement l’organisation politique et administrative de la ville de Thessalonique et qu’il a utilisé le vocabulaire approprié pour rapporter cet événement. L’épigraphie a permis de mettre en évidence la fiabilité du texte biblique.